Mr. Turkey et le cousin John.

30 novembre 2009

Mr.

Turkey

et le cousin John…

Ok, ok… Je m’adapte, je m’intègre… Je l’ai dit… Je sais, j’aurais peut-être mieux fait de me taire sur ce coup-la… Prochaine épreuve au programme, le dîner de Thanksgiving. J’ai invité la famille et les amis. Il ne faut pas que je me loupe !

Ça fait déjà des semaines que tout le monde ne parle que de ça : et toi, tu prépares une dinde, ah oui ? et quels accompagnements prévois-tu ? Tu cuis la farce dans la dinde ou séparément (je sais, ce dernier point me semble à moi aussi aberrant, mais il y en a qui le font !)… J’en passe et des meilleures…

J’ai donc décidé de faire un dîner de Thanksgiving traditionnel, mais à la Française tout de même ! Oui monsieur, oui madame, je ne recule devant aucun paradoxe ! Mon menu est donc le suivant :

- tout d’abord, la dinde. Le premier problème – et pas des moindres – est que Junior, du haut de ses 5 ans, connaît en ce moment ces premiers élans de compassion pour le règne animal et trouve par conséquent cruel de tuer pour la manger une pauvre bête… Il a décidé que la dinde devait être assise A table avec nous pour partager le festin et non pas servie SUR la table ! Je tourne et retourne le problème dans tous les sens avant de trouver la solution : je ramène Mr. Turkey à la maison (dinde-jouet), qui sera assis à table avec nous et mais aussi son cousin John (véritable dindon de plus de

4 Kg

) qui, lui, sera sacrifié pour le régal de tous ! L’arrangement convient au jeune despote et je peux donc m’attaquer au reste du menu.

- la farce américaine est faite à base de pain, de céleri et de carotte… Elle est cuite dans la dinde, mais parfois aussi dans un plat séparé dans le four. A première vue, c’est pas très excitant… A la seconde, non plus ! Alors, là, ça va pas être possible : ma farce à moi, ce sera chair à saucisse, foie gras, truffe et Armagnac sinon rien et le tout, bien fourré au fond de la bête, s’il vous plait !

- je veux bien mettre un peu de sauce aux airelles, mais juste pour la couleur, pour faire joli sur ma table. Mais pas question d’y toucher, ça dénaturerait ma dinde !

- passons maintenant aux accompagnements : ok pour la purée de patates douces, mais faut pas exagérer, il est hors de question que je fasse local et la recouvre de Marshmallows ! Et puis, pour être plus sûre, je préfère aussi prévoir des petites pommes de terre rates sautées avec des champignons, du romarin et du thym, comme chez nous, parce que la patate douce, c’est quand même un peu exotique… Comme il faut aussi un peu de vert, je prépare de superbes haricots verts français, ça fera l’affaire. Non non, pas de bacon ni d’oignons frits dessus. Je vous le dis, monsieur, madame, le haricot vert n’est bon qu’avec un peu de beurre ! Je cède aux enfants, un peu de maïs et tout le monde est content…

- là-dessus, un bon camembert des familles qui embaume la maison et quelques bouteilles de bon bordeaux et le tour est joué ! Je ne suis pas Française pour rien…

- pour le dessert, je ne suis pas difficile : les tartes de saison me conviennent parfaitement. Une tarte aux noix de Pecan, une autre aux pommes, mais je fais l’impasse sur celle à la citrouille un peu trop orange bizarre à mon goût…

Et voilà… Un dîner de Thanksgiving traditionnel à la Française… Et puis pour ceux que ça chiffonne que je ne respecte pas à la lettre le menu américain, laissez-moi vous dire ce que je pense réellement de cette fête : ok, c’est une très jolie image d’Epinal que celle des Indiens apprenant aux Pèlerins, qui crevaient de faim, à cultiver du maïs et à manger de la dinde sauvage et celle des Pèlerins qui, en signe de remerciement, les invitaient à partager leur festin… Mouais, on ne me la fait pas à moi… Et on ne m’enlèvera pas de la tête que ledit festin n’était en fait qu’une couverture pour les Pèlerins qui ont tout bonnement massacré les Indiens !!

Pour la route, une dernière photo du cousin John dans son nouvel environnement...